16 septembre 2019
La France continue à créer des emplois, mais à un rythme moins soutenu
L’Hexagone commence à être impacté par le ralentissement européen, même si les postes créés sont encore nombreux.
Il y a deux manières d’analyser les chiffres des créations d’emplois publiés par l’Insee le mardi 10 septembre. D’abord, sous l’angle du verre à moitié plein. Malgré les tensions internationales (guerre commerciale, Brexit…), la France résiste bien. Et crée toujours beaucoup d’emplois : 56 200 au 2e trimestre, dont 45 800 dans le privé ; et 269 900 sur les douze derniers mois, à 93 % dans les entreprises. Il s’agit surtout du 17e trimestre d’affilée en positif, avec un total de 979 400 emplois créés depuis mars 2015.
Tous les secteurs contribuent à ce résultat, à commencer par les services, qui ont assuré 90 % des nouveaux postes depuis quatre ans, ou la construction, qui affiche un 10e trimestre consécutif dans le vert. La surprise vient surtout de l’industrie : après une descente aux enfers entamée en 2001, se traduisant par la destruction d’un million d’emplois, le secteur inverse la tendance depuis deux ans. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, pas moins de 27 600 emplois industriels ont en effet été recréés dans l’Hexagone.
« Ce qui compte, c’est la tendance sur le long terme, se félicite Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, sur RTL. Chaque trimestre, on crée des emplois. Depuis deux ans, on a créé un demi-million d’emplois. On est bien dans une dynamique. »
Et puis il y a une autre manière, sous l’angle du verre à moitié vide, d’interpréter ces résultats. La France crée certes des emplois, mais beaucoup moins en tendance qu’il y a un an et demi. Non seulement le nombre de nouveaux postes dans le privé a été quasiment divisé par deux depuis le début de l’année (la barre des 100 000 avait été dépassée au 1er trimestre 2019), mais il a également chuté en glissement annuel par rapport au début du quinquennat Macron. Fin 2017, les entreprises françaises avaient en effet créé pas moins de 329 900 emplois sur un an, soit 25 % de plus qu’aujourd’hui, un record depuis le début des années 2000.
Objectif 7 % en 2022
Par ailleurs, l’intérim, considéré comme un indicateur avancé de conjoncture, n’est pas au mieux de sa forme. Il a replongé (-1700 postes) ces trois derniers mois, après un rebond inattendu (+10 100) au début de l’année. Et il affiche quelque 19 400 suppressions de postes en 18 mois, très loin des records enregistrés entre la mi-2016 et la fin 2017, avec 32 130 emplois intérimaires créés chaque trimestre.
« Eu égard au modeste niveau de croissance (+0,3% au deuxième trimestre), ce rythme reste satisfaisant et illustre l’enrichissement de la croissance français en emplois », nuance toutefois Yannick L’Horty, professeur d’économie à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée, pour qui la France se situe « sur la tendance moyenne favorable qu’on connaît depuis 2016 ». Même son de cloche chez Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. « Cela ralentit, mais pas tant que ça, vu l’environnement européen franchement préoccupant, jure l’économiste. On n’a pas de rupture contrairement à l’Allemagne ou au Royaume-Uni. »
Pour Muriel Pénicaud non plus, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. « On en a encore sous le pied, car une entreprise sur deux dit qu’elle n’arrive pas à recruter », explique la ministre du Travail, pour qui l’objectif de ramener le taux de chômage à 7 % à la fin du quinquennat reste atteignable. « Cet ordre de grandeur est possible s’il n’y a pas de changement macroéconomique, géopolitique, mondial qui abîmerait la croissance », assure-t- elle. Rendez-vous en 2022.
Source : www.lefigaro.fr